La jouabilité appartient à l’objet jouable, elle ne m’appartient pas en tant que tel, mais je peux mesurer son facteur de jouabilité en le sondant avec mes interfaces. J’introduis ma main dans un programme pendant qu’il tourne, et je vois ce qui se passe quand je la plie. J’observe les modulations resultant de ma main qui se déploie dans la machine, et je module mon intervention, modulant à son tour le jeu des modulations de la machine. De ce point de vue, on peut suggérer que la jouabilité d’un système permet la mesure de sa mobilité interne.
Comme une sorte de doigt venu d’extérieur pour chatouiller la machine, la sonde perce la membrane de l’interface protéctrice pour entrer — isolé — dans le fonctionnement de la machine. Ou peut-être s’agit-il d’une forme plutôt d’invagination, dans laquelle l’extérieur de la machine crée un pli de l’extérieur dans son intérieur.
Selon notre définition de la jouabilité, une sonde permet notre introduction dans un programme pour vérifier l’actualité de son fonctionnement. La sonde serait alors ce qui peut s’introduire dans un système profondément modulaire, de tester (voire affecter) cette modularité, le tout sans arrêter le système qu’il sonde.
L’idée de l’interactivité comme sonde inverse le rapport traditionnellement conçu être un mouvement du programme envers l’utilisateur, c’est-à-dire d’un programme qui présenterait des options à l’utilisateur (le fameux « dialogue ») comme une sorte de représentation augmenté. Au contraire, en concevant l’interactivité comme un sonde, le programme est repositionné comme un noyau (cf. Noisy Nucleus) auquel l’utilisateur accède pour s’y projeter.
Ce rapport à la machine passe la plupart du temps par l’accès aux variables posées à l’intérieur de la machine. Ces variables permettent à l’extérieur de suivre les modulations internes de la machine, comme une sorte de dédoublement où deux phénomènes peuvent tous les deux accéder à un endroit spécifique de la machine, mais avec leurs propres perogatives. A la demande de l’utilisateur, du programmeur, ou d’un autre procédé interne de la machine, cette dernière pose une variable sur sa surface lisible, permettant non seulement de connaître la valeur qui s’y trouve, mais également de modifier cette valeur et voir ce qui s’en suit.