Lexique / elasticité

Douglas Edric Stanley

2002.06.26

Pendant une residence en 2001 à La Villa Arson, nous avons conçu une première machine de ce qui allait devenir notre plateforme dédiée au cinéma algorithmique. Deux films célèbres de l’histoire du cinéma ont passé sur la table d’opération : Psycho et High Noon. Les deux expériences ont grandi, à leur manière, ce trou de l’algorithme. Dans la première, tous les plans du film « Psychose » ont été découpé en des morceaux les plus compactes possibles (coupant à l’intérieur même des plans), puis redistribués sans hiérarchie dans une base de données « à plat ». Ensuite, nous avons utilisé un programme pour apprendre à l’ordinateur, morceau par morceau, les logiques internes des images avec un système de meta-données. Nous avons fabriqué ces meta-données à notre manière, à la fois en respectant et en transgressant la logique du montage d’Hitchcock. Une fois cette « apprentissage » terminé, une petite installation a été conçue avec une chaise, une ampoule suspendue, et un écran de projection : en s’asseyant dans la chaise le film (re)démarrait, mais à chaque fois différent, ré-assemblé, un cadavre recomposé. Pour le film High Noon, rebaptisé 12:00, un procédé similaire était employé, car au lieu de recomposer le montage du film autrement, le programme ne faisait qu’allonger le film dans sa durée, sinon de couper des scènes tout en gardant la linéarité du récit. Le film est devenu ainsi élastique sur son plan temporel, pouvant prendre pratiquement n’importe quelle durée. Pour cette deuxième installation une deuxième configuration, légèrement différente de la première, était prévue : cette fois-ci la chaise (sans ampoule) était accompagnée d’un petit clavier numérique, permettant ainsi à l’utilisateur de choisir la durée du film qui pouvait prendre n’importe quelle valeur entre 00:00:30 à 24:00:00.