The Thousand Faces of Buddha

Douglas Edric Stanley

2003.10.01

At the end of a long dark hallway, a faint flickering light of a video projector suggestes the possibility of an image. Using a webcam and infrared lighting, as visitors approach they are offered a mirror reflexion, albeit slightly pixelated and ghostly. This is the “whole” image of narcissus, of the viewer as interactive participant.

Douglas Edric Stanley, The Thousand Faces of Buddha

This is a piece that I developed as an experiment in 2000 and despite a small installation at a parisian squat, had yet to really be shown in public. When Aborescence asked if I could present something at the Moulin de la recense (a beautiful old mill, just down the street from my house, in fact), I decided to pull out this old project.

Moulin de la recense
Moulin de la recense
Moulin de la recense
Moulin de la recense

The idea is to build a simple program for each installation, no saving allowed (we used an APS battery backup system). Once the program is finished, the installation runs until someone pulls the plug.

The Thousand Faces of Buddha, Douglas Edric Stanley

At the end of a long dark hallway, a faint flickering light of a video projector suggestes the possibility of an image. Using a webcam and infrared lighting, as visitors approach they are offered a mirror reflexion, albeit slightly pixelated and ghostly. This is the “whole” image of narcissus, of the viewer as interactive participant.

The Thousand Faces of Buddha, Douglas Edric Stanley

But with each new visitor to this mirror, the webcam takes a picture and integrates the new image into the program. Each of these images is then used to build up the fragmented individual pixels that compose the whole image.

The Thousand Faces of Buddha, Douglas Edric Stanley

Once 1000 images have been recorded, the system randomly overwrites an older images with a new one.

The installation takes place in the “Chapel” of the Moulin de la recense.

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Notre machine se dévoilera en trois temps. Pour les identifier, utilisons trois termes de notre vocabulaire : réactivité, relation, récursivité.

Au fond d’un couloir sombre, une lumière faible scintille : la promesse d’une interaction. Au fur et à mesure que l’on s’approche, cette lumière s’active et forme des figures à base de pixels plutôt grossiers. C’est le premier temps de la machine, celui de la réactivité : je bouge mon corps et des pixels dansent en conséquence.

Depuis l’intérieur de cette danse abstraite réunissant pixels et mouvement, émergent le deuxième temps de la relation : une sorte de figure du « Gestalt », puisque les pixels qui bougent sont en réalité disposés selon une orientation qui respecte notre propre physionomie. Il s’agit d’une des figures les plus rassurants des systèmes réactifs, celle du mirroir (cf. Trash Mirror, Wooden Mirror, Reactive Books, Mirror Mirror).

Gestalt. Soit une contradiction apparente. Les psychologues de la Gestalt parlent du caractère « anisotrope » de l’espace perceptif, c’est-à-dire son caractère fondamentalement non symétrique. Contrairement à l’espace du physicien, l’espace du phénoménologue est plus lourd en bas qu’en haut, plus dense à l’arrière des objets que devant eux, et il diffère qu’il est du côté droit ou du côté gauche. Conçu évidemment à l’image du sujet humain — soumis à la gravité, orienté de face, avantagé à droite — il en constitue une projection, renvoyant au spectateur sa propre image virtuelle comme dans un miroir invisible. Mais les psychologues de la Gestalt parlent aussi de ce même espace de l’expérience comme fondamentalement centré et, par là, comme résolument symétrique puisque la symétrie radiale, constituée à partir d’une rotation multidirectionnelle autour d’un point, est la forme la plus achevée d’équillible spatial.
– Yve-Alain Bois, Rosalind Krauss ; L’informe: Mode d’emploi ; 1996 ; pp. 83-4

Les pixels disparates forment dans leur ensemble notre propre image. Un miroir donc, d’où on surgit du noir grâce à une caméra infrarouge.

The Thousand Faces of Buddha, Douglas Edric Stanley, 2000/2003

Enfin, à partir de ce mirroir, une troisième logique émerge, annonçant le troisième temps de la machine : la récursivité. Car celle-ci ne se contente pas seulement de retransmettre notre image en temps réel, elle profite également de sa caméra pour prendre des images de chaque intervenant et qu’elle accumule dans une base de données volatile. Cette base de données est temporaire, mais collective : elle contient 1000 images de ceux qui ont regardé dans ce miroir avant nous. Quand il n’y a plus de place, les plus anciennes des images sont écrasées par les nouvelles images. A commencer par le concepteur du programme lors des premiers essais de mise-en-route (image no.1), ses assistants (no.2), les commissaires d’exposition (no.3, …), les techniciens du lieu, et puis enfin les spectateurs anonymes qui éloignent le système du narcissisme primaire de l’auteur pour peupler le système de leurs visages lorsqu’ils découvrent le système.

Dans la machine, il y a donc un ruban (cf. Turing Machine) qui enregistre les mouvements de spectateurs. Mais ce n’est qu’en regardant de plus près que chacun des pixels se dégage de cette figure du Gestalt, et nous permet de se rendre compte qu’ils contiennent les visages précédents captés par le miroir. Ce troisième temps de la machine est la plus fragile, et d’ailleurs échappe à au moins un tiers des spectateurs qui sont souvent poussés dans un mouvement boulimique d’acquisition des œuvres. Ce n’est qu’en ralentissant ses mouvements et sa perception que cette troisième image émerge et laisse appercevoir les témoins discrets de la récursivité sans fond dont souffre l’image une fois saisie par l’algorithme.