Nous proposons l’idée d’un cinéma émergeant basé sur l’expression d’une image-émergence. Le photogramme qui pour Deleuze était seulement une image « quelconque » — porteuse d’un mouvement qui la dépassait — devient dans le cinéma algorithmique une image mutante, cherchant sa nouvelle mutation (cf. Image-Mouvement, p.8). Comme l’image-mouvement, l’image-mutante n’est pas « entière » ou « arrêtée », puisqu’elle se trouve à jamais dans un processus d’émergence. C’est la forme du nouveau « flux » de l’image, sa nouvelle manière de couler. Cet aspect émergeant de l’image n’est pas totalement étranger aux formes les plus classiques du cinéma. Pourtant la finalité du procédé, ainsi que sa constitution sur le plan moléculaire, l’est. La narration, qui se trouvait avant dans une logique de suites — trouver le mouvement à l’intérieure d’une suite successive d’images — se transforme dans le cinéma émergeant en la recherche permanente de l’endroit le plus fluide de l’image. Au lieu de se poser la question, « dans quelle suite trouve cette image ? », nous posons plutôt la question, « qu’elles sont les mutations possibles dans l’image actuellement devant nous ? »