Comme pour une figurine origami, l’image interactive est une sorte de papier blanc qu’on doit plier et déplier pour trouver la figure. On peut toujours regarder l’image qui se trouve sur le papier, quand il y en a, mais ce n’est pas avant d’avoir commencé de plier et de déplier cette image, que la figure de l’interactivité nous apparaît. Dans ce dernier cas, on trouve alors deux images : 1. l’image dans ou sur le papier, qui est constamment découpée et remontée, fragmentée et recontexualisée au fur et à mesure qu’on plie ou déplie l’image; et 2. l’image ou la figure constituée par le papier, c’est-à-dire la figurine. L’image-processus ou l’image-programme demande une actualisation qui défait la tenue ponctuelle et temporaire de l’image plane et lui donne son actualité dans une autre dimension, celle de l’interactivité. C’est pour cette raison que le terme déploiement est utilisé ici plutôt que celui de ploiement, parce que même (et surtout) quand le papier est blanc, lisse et sans contours, on ne peut pas parler d’absence de plis. Le papier blanc, sans plis, demande toujours un pli originaire d’aplatissement pour lui donner sa figure. Tout procédé de ploiement est précédé d’un déploiement qui a rendu ce ploiement possible. Egalement appelé image-labyrinthe, l’interactivité présuppose ce geste d’a priori qui transforme toute image fixe, linéaire, et statique en une image à parcourir. Au degré zéro d’interactivité, on retrouve la figure mythique de Borges, où l’image sans plis et sans interaction ressemble à un labyrinthe terrible qui n’a qu’une seule ligne, « invisible et sans arrêt » (J. L. Borges « La mort et le compas », dans Labyrinthes). C’est probablement cette dernière figure qui correspond le mieux aux images les plus puissantes de l’interactivité, où l’image-plane et l’image-pliée/dépliée ne font qu’une seule image, diagramme ou labyrinthe.