Qui dit que l’interaction entre l’organisme humain et la machine doit bien se passer, c’est-à-dire dans le sens d’une adaptation progressive de la machine à l’homme ? Qui dit même que les enjeux des machines modulaires soit l’augmentation de l’humanité et de ses capacités ? Demandez à l’ouvrière ce qu’elle pense des nouvelles machines modulaires, et puis qu’on m’explique en quoi Windows Vista soit une avancé vis-à-vis de son prédécesseur. Non, la machine adaptative n’est pas un progrès de l’être humain. Mais elle n’est pas l’annonce non plus d’un retrait de l’humain, ni de son remplacement (cf. Matrix). La machine modulaire serait plutôt la transformation du milieu de l’humain. Cette transformation est inquiétante surtout vis-à-vis de sa visibilité. D’où un certain antagonisme entre la machine et l’homme, qui finit avec l’ordinateur portable qui prend le chemin de la première fenêtre disponible lorsque Word traine avec lui dans son plantage le prochain best-seller de son auteur. Mais l’antagonisme n’est pas uniquement à entendre sur le registre du négatif. Il existe des figures jouissives de cette antagonisme, par exemple à travers des formes esthétiques comme le jeu vidéo qui mettent en scène la rencontre entre l’humain et la machine comme une sorte de bataille enivrante. Le plaisir du jeu vidéo n’est pas celui de mon contrôle de tous les aspects du jeu. Le plaisir vient au contraire du fait que je ne contrôle absoluement pas l’ensemble des composants. En plus, ceux-ci me montrent bien leur autonomie en me tirant dessus. A l’intérieur de telle rencontres aggressives s’ouvrent de nouvelles formes esthétiques, comme celles de la sensation de la multiplicité, par exemple, ou de l’accéleration. Dans le célèbre Space Invader, par exemple, je contrôle un tout petit vaissau spatial alors qu’en face existe une armé entière d’extraterrestres hostiles. Et lorsque je commence à enlever ces invaisseurs un par un, ceux-ci se mettent à accélérer voir aller à des vitesses qui dépassent de loin celle de ma toute petite icône. La machine tournera toujours plus vite et avec une multitude de formes qui dépassera toujours notre système nerveux, voire même notre capacité à traiter les informations discrètes. En ce qui concerne les capacités synthètiques du calcul de ces machines, je laisserai ce débat à un futur très incertain. Quoi qu’il en soit, l’espèce de la machine est très différente de la notre, avec un rapport au milieu si différent qu’elle modifie le notre.