« Le nourrisson est préstructuré pour réaliser des transferts transmodaux d’informations qui permettent de reconnaître une correspondance entre le toucher et la vision. Dans ce cas, le lien entre les expériences tactiles et visuelles est fait par la voie de la structure innée du système perceptif, et non par un contact répété avec l’environnement… Ainsi, le nourrisson paraît avoir une aptitude générale et innée, que l’on peut appeler perception amodale, qui le conduit à traiter des informations reçues dans une modalité sensorielle donnée, et à les traduire dans une autre modalité sensorielle. Nous ne savons pas comment il accomplit ce travail. Il ne fait probablement pas l’expérience de l’appartenance des informations à une modalité sensorielle particulière. Plus vraisemblablement, elles transcendent le mode ou la modalité et existent d’une façon supramodale inconnue… Ces représentations abstraites dont le bébé fait l’expérience ne sont pas des images, des sons, des touchers et des objets qu’on peut nommer, mais plutôt des formes, des intensités et des figures temporelles — les caractères plus “globaux” de l’expérience » — Daniel Stern, The Interpersonnal World of the Infant, Basic Books, 1985, p.48 et 51; Le monde interpersonnel du nourrisson, PUF, coll. Le fil rouge, 1989, p.70-71 et 74